Les catholiques ont-ils le droit de prier avec des icônes ?

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Le rayon des icônes religieuses disponibles dans notre boutique photo © : Julia Galan

Depuis la nuit des temps, certains catholiques ont coutume de prier avec des icônes ; cependant ont-ils le droit de le faire ? Qu’est ce qui justifie le culte des icônes aujourd’hui ?

Un catholique peut-il prier avec une icône ?

Peut-être avez vous déjà rencontré des personnes qui vous ont interpellé sur cette fameuse question : pourquoi certains catholiques prient-ils avec des icônes ? Peut-être, d’ailleurs, vous êtes vous également posé la question. Au fond, un tel usage ne va pas de soi… N’y a-t-il pas un risque, à travers cette pratique, de s’adresser à un bout de bois plutôt qu’à Dieu ? Ne serait-ce pas cela, la fameuse idolâtrie dont parle la Bible ? Pourquoi encombrer notre prière, toute spirituelle (évidemment), d’objets bien matériels ? Après tout, dans le judaïsme et dans l’islam, on évite soigneusement de représenter Dieu… Soyez rassuré, vous n’êtes pas seul à vous poser la question ! D’ailleurs, sachez qu’un tel questionnement ne date pas d’hier.

L’icône, une question ancestrale

Au 8ème siècle déjà, ceux que l’on appelait les “iconoclastes” reprochaient déjà aux “iconodules” (ceux qui vénéraient les icônes) de représenter Dieu. Ce fut la querelle dite de l’iconoclasme. L’enjeu était le suivant : Les biblistes chevronnés que vous êtes se souviennent peut-être de cette prescription du deuxième commandement du Décalogue : ” Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte.” (Ex 20, 4-5). Pas d’image, donc. Il suffit en effet d’une rapide immersion dans l’Ancien Testament pour comprendre la justesse de cette mise en garde contre la tentation, o combien humaine, de nous fabriquer un Dieu à notre image. Le risque d’idolâtrie étant fort, le remède l’a été tout autant : pas de représentation du divin !

Si la Bible l’interdit, qu’est ce qui justifie la vénération des icônes ?

Cependant, un évènement changera radicalement la donne : il s’agit ni plus ni moins de l’incarnation de Dieu lui-même. En effet, en Jésus Christ, “l’image du Dieu invisible” (Col 1, 15), le Dieu transcendant se fait l’un de nous. “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous” (Jn 1, 14). Cela signifie qu’en s’incarnant, le Christ offre un visage humain à la divinité ; Dieu se donne lui-même à contempler…  “Celui qui m’a vu a vu le Père” (Jn 14, 19), dira d’ailleurs Jésus.

Dès lors, si Jésus est lui-même la représentation parfaite de Dieu fait homme, pourquoi aurions-nous peur de le représenter ? Le peuple de Dieu ne s’y est pas trompé, lui qui représenta le Christ dès les premiers siècles du christianisme. Finalement, à travers l’icône, nous représentons par une image la chair visible de Dieu. Telle fut, en quelques mots, l’argumentation du courageux Jean Damascène, un saint moine qui ne ménagea pas sa peine pour donner droit à la pratique de la vénération des icônes.

Fort heureusement, l’Église universelle fut sensible à son argumentation. En effet, le Concile de Nicée II de 787 donna raison à Jean Damascène, citant une maxime de saint Basile le Grand qui fera date: “l’honneur rendu à l’image remonte au prototype (modèle original)”. En version simplifiée, cela signifie que dans la représentation, c’est moins l’image en elle-même qui est honorée, que ce qu’elle représente. L’Église catholique proposera simplement aux catholiques de distinguer le terme d’adoration, réservé à Dieu seul, de l’acte de vénération des icônes.

Pourquoi prier avec une icône aujourd’hui ?

Au fond, le culte des icônes repose sur une idée très simple : nous sommes des êtres incarnés et corporels. Pour nous, l’accès au spirituel passe souvent par le charnel, le concret (les sacrements par exemple). Outre son aspect esthétique et décoratif, l’icône, par sa beauté et sa profondeur, n’a d’autre but que celui d’inspirer et enrichir notre prière, en nous conduisant vers ce qu’elle représente, Jésus ou l’un de ses saints. Davantage qu’une fin en soi, l’icône est un très beau moyen pour nous accompagner dans notre prière et notre méditation. Alors, le cœur libéré de nos doutes quant à cette pratique ancestrale, ne nous privons pas de cette grande richesse de la tradition chrétienne, portée haut pas nos frères orthodoxes et orientaux !

Chez Sources Vives Monastica, nous avons une grande diversité d’icônes écrites à la main, collées ou imprimées sur bois, réalisées par les Clémences, les sœurs de Bethléem ou encore les Fraternités monastiques de Jérusalem…  Alors n’attendez plus !

Publié le : 25/06/2022