Comment vaincre le diable ?

Comment vaincre le diable ? Une question qui hante probablement bien des chrétiens… mais en laisse d’autres perplexes… En 2023, faut-il encore parler du diable ? N’est-il pas un obscur mythe médiéval utilisé par l’Eglise pour faire peur aux âmes sensibles ? Une petite enquête sur le diable n’est sans doute pas inutile… 

Il y a quelques années, en 2019, une petite polémique agita le monde ecclésial. Au cours d’une interview pour un hebdomadaire catholique, le supérieur de l’ordre des jésuites déclara ceci : “le diable existe en tant que réalité symbolique, et non en tant que réalité personnelle“. Une opinion du supérieur des jésuites tranchant avec les nombreuses prises de position d’un autre jésuite… Le pape François ! En effet, depuis le début de son pontificat, ce dernier n’a pas manqué de rappeler, à de nombreuses reprises, l’existence du diable. Ainsi, dans son exhortation apostolique Gaudete et Exsultate il écrivait :” Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés.” (GE n 161).

Alors, entre le supérieur des jésuites et le pape François, qui dit vrai ? Finalement, que peut-on dire du diable ?

Le diable existe-t-il ?

Que nous dit le catéchisme de cette épineuse question ? “Le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le “diable” (dia-bolos) est celui qui “se jette en travers” du dessein de Dieu et de son “œuvre de salut” accomplie dans le Christ.” (CEC 2851). Au fond, on le voit, le pape François n’a fait que rappeler la position classique de l’Eglise catholique, vaillamment réaffirmée siècles après siècles. En effet, Bible en main, la Tradition de l’Eglise a toujours affirmé l’existence personnelle du diable.

Mais que peut-on dire de ce fameux démon ? ” L’Écriture et la Tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable (cf. Jn 8, 44; Ap 12, 9).” Eh oui, Satan et le diable, c’est du pareil au même ; un ange déchu. “L’Eglise enseigne qu’il [le diable] a été d’abord un ange bon, fait par Dieu. “Le diable et les autres démons ont certes été créés par Dieu naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus mauvais.” (CEC 391).

La chose est entendue. Le diable existe. Toutefois, une fois que l’on a compris que le diable existe, il nous reste à nous demander ce qu’il fait.

Le diable, un dieu du mal ?

Quand nous parlons du diable, soyons tels des funambules avançant prudemment entre deux excès. Le premier excès, nous l’avons vu, est celui de croire que le diable n’existe pas, ou qu’il constitue une réalité symbolique. Le deuxième excès consisterait au contraire à croire que le diable est présent partout, tout le temps, et qu’il est quasiment invincible. Alors que le choses soient claires : le diable n’est pas une sorte de divinité du mal. Il n’est en aucun cas l’égal maléfique de Dieu, puisqu’il n’est qu’une créature. Certes, il dispose d’un certain pouvoir, mais sa puissance est incomparable à celle de Dieu.

La puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur esprit, mais toujours une créature : il ne peut empêcher l’édification du règne de Dieu. Quoique Satan agisse dans le monde par haine contre Dieu et son Royaume en Jésus-Christ, et que son action cause de graves dommages – de nature spirituelle et indirectement même de nature physique – pour chaque homme et pour la société, cette action est permise par la divine Providence qui avec force et douceur dirige l’histoire de l’homme et du monde. La permission divine de l’activité diabolique est un grand mystère, mais “nous savons que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui L’aiment” (Rm 8, 28). (CEC 395)

Alors en quoi consiste ce pouvoir de Satan ?

Un mauvais perdant…

Comprenons une chose essentielle : Satan a été vaincu par le Christ, à la croix. “Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.” (Ap 12 ,9) Depuis que Jésus Christ est mort et ressuscité, la victoire est totale, le reste n’est qu’une question de temps. Fondamentalement, le diable ne pourra empêcher le projet de Dieu de se réaliser : accueillir tout homme qui le souhaite en sa présence, pour l’éternité. Pourtant, la mort, le deuil et la souffrance existent encore sur terre, et Satan agit toujours… C’est d’ailleurs un mystère.

Cependant, Satan ne dispose de rien de plus qu’un sursis temporaire avant la défaite finale. Il est comme un poulet décapité courant encore… “Alors le Dragon se mit en colère contre la Femme, il partit faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus.” (Ap 12, 7) Impuissant face à Dieu, toute l’action de Satan consistera à tacher de détourner l’homme de la communion avec Dieu. Satan désire donc qu’un maximum d’hommes le suivent dans sa révolte contre Dieu.

Mais comment s’y prend-il ? En effet, si le diable est perdant, il semble être un perdant bien remuant ! Alors disons quelques mots des “Tactiques du diable”.

Concrètement, comment agit le diable ?

Surtout, n’allez pas imaginer que le diable aurait pour habitude de posséder le premier venu, comme dans le film l’Exorciste ! Bien entendu, possessions et infestations existent. Cependant, la plupart du temps, le démon agit de manière moins tapageuse. “Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.” (Lc 4, 1-2) Dans l’Evangile, nous constatons que Jésus est tenté par le démon. De la même façon, aujourd’hui, le diable agit principalement envers nous par la tentation. C’est pourquoi, dans le Notre Père, nous demandons à Dieu de ne pas nous laisser entrer en tentation. Souvent, cette tentation se manifeste soit par la séduction soit par le mensonge.

Ultimement, le diable veut nous couper de Dieu et du Bien. Ainsi, il nous pousse vers le vice, le péché, la haine, ou encore l’addiction… In fine, il veut provoquer en nous le mépris de Dieu et la désespérance, et ainsi nous couper de sa miséricorde. Pour cela, le diable peut agir sur le monde matériel et corporel, sur notre imagination et notre psychisme. Cependant, en aucun cas il ne peut atteindre notre intelligence et notre volonté… Dès lors, Satan tente de nous influencer, en nous incitant à faire le mal ; mais il n’a pas le pouvoir de nous forcer à le faire. Ainsi, nous restons toujours libres de choisir le Bien, avec le secours de la grâce de Dieu !

Cela nous amène à notre dernier point : peut-on vaincre le diable, et si oui, comment ?

Comment combattre le diable ?

Par notre baptême et par la foi, nous sommes associés à la victoire définitive du Christ. Certes, le diable cherche à nous faire chuter, cependant l’amour de Dieu est bien plus fort. “Ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.” (Ro 8, 38-39) Seuls, nous sommes bien petits face au diable. Alors, évitons de nous croire plus malins que lui. Souvent, c’est en évitant et rejetant les tentations que nous vaincrons le démon, sans le combattre frontalement. Toutefois, n’oublions pas qu’avec le Christ et en Lui, nous sommes victorieux !

Par la grâce, nous avons nous aussi la possibilité de vaincre le démon dans notre vie. Cependant, cette victoire ne pourra se vivre sans combat. Alors revêtons les armes que l’Eglise nous propose pour ce combat spirituel. En premier lieu, entretenons une relation personnelle avec Dieu, alimentée par la prière, notamment celle du chapelet... En effet, la Vierge Marie n’est-elle pas celle qui écrasa la tête du serpent ? Ensuite, renonçons au péché et pratiquons la vertu : bref, aimons ! Ainsi, nous vaincrons le mal par le Bien. Pour nous y aider, faisons du Saint Esprit notre meilleur ami ! Ne négligeons pas les sacrements ni la Parole de Dieu, par laquelle Jésus fut vainqueur du démon. Sans oublier enfin la puissance du jeune. En effet, Jésus affirme ceci : «Il est des démons qu’on ne peut chasser que par le jeûne et la prière» (Mt 17, 21) Bref, vivons pleinement l’Evangile et le démon fuira !

Mmmh, tout cela parait bien exigeant… N’y a-t-il pas une recette miracle pour vaincre le démon ?

Bonus : Qu’en est-il des recettes miracles ?

Certes, l’Eglise encourage la bénédiction d’objets religieux ou encore l’usage de l’encens. Cependant, ceux-ci ne sont pas des gris-gris ! Les objets bénis prennent sens en tant qu’ils matérialisent et incarnent notre relation avec Dieu, dans la confiance et l’obéissance. Evitons toute recette facile prétendant nous épargner le patient et laborieux combat spirituel. En ce sens, fuyons l’occultisme, le spiritisme, la divination et toute forme de magie. Loin d’être des moyens de combattre le démon, ils favorisent son action, alors renonçons-y clairement ! A nouveau, comprenons que notre secours n’est ni dans nos propres forces, ni dans des pratiques occultes ni dans des objets. Notre secours est dans le nom du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. Tant que nous demeurons en Lui, nous sommes plus que vainqueurs ! “Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer.” (1P 5, 8)

Dieu est notre Père ; il nous aime et nous protège. Alors, n’ayons pas peur ! Saisissons-nous de notre autorité de chrétiens baptisés et confirmés ; prêtres, prophètes et rois. A la suite de l’archange saint Michel, de la Vierge Marie, des Pères du désert, ou encore du saint curé d’Ars, écrasons, nous aussi, la tête du serpent ! Par ailleurs, n’oublions jamais la chose suivante : pour le chrétien, l’enjeu n’est pas d’abord d’éviter ou de combattre le mal, mais de faire le bien. C’est sur le Bien et surtout sur Jésus que nos yeux sont fixés, pas sur le Malin, il n’en vaut pas la peine !

Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »” (Lc 10, 17)

Publié le : 28/02/2023