Quel est le sens des cadeaux de Noël?

Si je vous demande quel est le premier mot que vous associez à Noel, il y a fort à prier pour que ce soit le mot “cadeau”. Mais pourquoi recevons-nous des cadeaux à Noël ? À  l’origine, n’est ce pas plutôt Jésus qui en reçoit ? Et quel est le sens de ces fameux cadeaux ?

Offrir des cadeaux, du paganisme au christianisme

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la coutume de s’offrir des cadeaux autour du nouvel an n’est pas née en monde chrétien… Dès le 5e s avant Jésus Christ, à Athènes, les enfants recevaient des jouets pour célébrer la nouvelle année. Dans l’Antiquité romaine, particulièrement, s’est développée la pratique de s’offrir des étrennes lors du solstice d’hiver. Le terme “étrenne” vient d’ailleurs du latin “strenae”. Il fait référence à la déesse de la santé “Strenia”, sous le patronage de laquelle la nouvelle année était souhaitée.

Comme souvent, la chrétienté christianisera cette pratique païenne. Progressivement, ce ne sera plus dans les coutumes païennes que l’on trouvera les fondements du cadeau de Noël mais dans l’Evangile. Plus particulièrement, dans le célèbre épisode des mages à la crèche. “Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem.” (Mt 2, 1) “Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’ encens et de la myrrhe.” (Mt 2, 11) En effet, si le cadeau est autant associé à la fête de Noël , c’est avant tout parce qu’à sa naissance, Jésus lui-même en a été couvert !

Précisons, cependant, que la célébration du Noël chrétien ne se mettra en place que petit à petit. Ainsi par exemple, dans l’ère chrétienne, la date de la fête de Noël ne sera fixée qu’au IVe s. Quant à la tradition consistant à donner des cadeaux aux enfants à Noël , elle ne se développera que bien plus tard.

Les débuts du Noël des cadeaux

C’est à partir de la Renaissance que les fêtes de fin d’année commencent à mettre les enfants, principalement des familles aisées, à l’honneur. C’est le cas lors de la Saint Nicolas (6 décembre), lors de la fête des Saints Innocents (28 décembre), et enfin, lors des étrennes, à la nouvelle année.

Aux 17e et 18 e s, les étrennes demeurent le moment privilégié d’offrandes de cadeaux aux enfants. Cependant, le don de cadeaux au moment de Noël, principalement à destination des enfants de notables et de souverains, se répand. Une coutume qui atteindra aussi la petite bourgeoisie, avec l’essor du commerce de jouets. Les cadeaux offerts, plutôt profanes, sont souvent des sucreries ou des jouets. A la fin du 18e s, se développent dans les familles de véritables rituels lors de la fête des étrennes, rituels qui préfigurent la fête de Noel. Aux alentours de la Révolution française, la Nativité détrône peu à peu la fête des étrennes. Certes, il s’agit d’une fête ecclésiale ; toutefois, à l’époque, elle est aussi avant tout une célébration familiale.

Le triomphe du Noël des cadeaux

Avec la révolution commerciale des Grands Magasins et l’essor de la bourgeoisie, au 19e s, la distribution de jouets se répand considérablement… Les catalogues, affiches et vitrines des Grands Magasins font alors étalage d’une multitude de jouets pour enfants. C’est aussi l’époque où le concept de “cadeau de Noël ” (avec un beau papier cadeau) entre dans les mœurs. Désormais, c’est bien le 25 décembre, jour de Noël , que l’on offre des cadeaux aux enfants. L’ancienne pratique de l’échange d’étrennes périclite, au profit du don de jouets. Ce dernier gagne en popularité dans les couches aristocrates et surtout bourgeoises de la population, mais atteint aussi les classes populaires. En effet, le modèle bourgeois de consommation se démocratise et atteint les classes populaires, en se présentant comme un nouvel art de vivre.

A cette époque, l’enfant prend un rôle central dans la famille et la société… Des cadeaux bien particuliers sont offerts aux filles et aux garçons : soldats pour les uns, fausses cuisinières pour les autres… Vous l’aurez compris, la théorie du genre n’était pas au programme ! Dans les milieux populaires, les cadeaux sont plus modestes : biscuits, jouets artisanaux… Et oranges, pour les plus sages ! Noël devient alors un moment essentiel pour toute la famille. Toutefois, le sens de la fête tend à se séculariser, devenant davantage profane et commercial. La Nativité du Christ n’est plus qu’une mise en scène mythique, un archétype du don de jouet à l’enfant, qui devient le centre de Noël.

Cela nous amène à la question suivante : qui donne les cadeaux à Noël ?

Qui est le donateur des cadeaux de Noël ?

Selon les cultures et les périodes historiques, différents personnages jouent un rôle déterminant dans le don de cadeaux aux enfants. Ces personnages peuvent être historiques ou légendaires, issus de la culture religieuse ou profanes. Au 16e s, certains pays protestants (Allemagne, Suisse), font de l’Enfant Jésus le donateur. Dans le sud de l’Europe (Espagne et Italie), les cadeaux s’offrent à l’Epiphanie, en référence aux Rois Mages. Ajoutons enfin les figures aussi diverses et mythiques que le Père Janvier, la sorcière Befana, ou la fée Arie.

Par ailleurs, dès le début du 16e s, se répand l’histoire de saint Nicolas, évêque d’Asie mineure du 4e s. Encore de nos jours, ce dernier est réputé apporter jouets et friandises aux enfants. Cette tradition restera vivace dans l’Europe du nord et de l’est, y compris dans les pays protestants. Dans certains pays, le 6 décembre, la Saint Nicolas est la fête par excellence pour offrir des cadeaux aux enfants. Au 19e s, la figure de saint Nicolas (Santa Claus dans les pays anglo-saxons) deviendra petit à petit le père Noël tel que nous le connaissons. Au 20e s, ce dernier, figure universelle, bienveillante et syncrétique, se répandra partout dans le monde. Il deviendra le symbole d’un Noël des cadeaux sécularisé.

Quel est le sens du cadeau ?

D’après l’auteur à succès Gary Chapman, offrir un cadeau est l’un des cinq langages de l’amour… Au fond, le cadeau est une manière de manifester notre amour. En offrant un cadeau à quelqu’un, nous lui signifions qu’il compte pour nous. Au delà d’eux-mêmes, les cadeaux sont donc le signe de l’attention que nous portons à l’autre. N’avons-nous pas vocation à devenir nous-mêmes des cadeaux les uns pour les autres ?

Si l’on va encore plus loin, le sens profond du cadeau de Noël consiste à se souvenir que Dieu s’est donné à nous. Il s’est donné totalement, sans rien garder. Ainsi, à son imitation, nous sommes appelés, nous aussi, à nous donner les uns aux autres. La scène des rois mages à la crèche est comme une icône du don, qui nous est donnée à contempler. Pour nous aussi, il s’agit d’apporter, chacun, notre or, notre encens, notre myrrhe, au Christ… Comme les rois mages, à Noël, nous pouvons nous demander : que puis-je donner à celui qui m’a tout donné ? « Noël est devenu la fête des dons, pour imiter Dieu qui s’est donné lui-même à nous. Parmi les nombreux dons que nous achetons et que nous recevons, n’oublions pas le vrai don : de nous donner les uns aux autres quelque chose de nous-mêmes. » (Benoît XVI, homélie de la nuit du 24 décembre 2006).

Pendant ce temps de l’Avent, il y a comme un encouragement à retrouver le sens du don. Jésus ne nous a-t-il pas assuré qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ?

Publié le : 03/12/2022