La crèche de Noël : de l’origine à nos jours
Chaque année, l’approche du temps de l’Avent est l’occasion de (re)découvrir le sens de la crèche. En effet, cette dernière n’est pas seulement un lieu de garde pour les enfants… Enfin, disons plutôt que la première crèche n’a pas gardé n’importe quel enfant ! Alors sans plus attendre, plongeons dans les origines de la crèche de Noël afin d’en extraire le sens profond…
« Je souhaite qu’un élément aussi important, non seulement de notre foi, mais aussi de la culture et de l’art chrétien, continue à faire partie de cette grande solennité. Au fond, c’est une façon simple et éloquente de se souvenir de Jésus qui, en se faisant homme, est venu habiter parmi nous, et, avec la crèche, habite réellement avec nous ». (Benoit XVI)
De la mangeoire à la crèche
Bien entendu, la tradition de la crèche puise ses racines dans l’Evangile, plus particulièrement celui de Luc. Il nous y est dit que Marie ne put accoucher dans la salle commune, faute de place. Après avoir fit naitre Jésus, c’est donc dans une humble mangeoire qu’elle le coucha… « Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7). Or, en latin, « mangeoire » se dit scripia ; à l’origine du mot « crèche » en français. Par extension, ce terme désignera le lieu de la Nativité dans son ensemble.
« En entrant dans ce monde, le Fils de Dieu est déposé à l’endroit où les animaux vont manger. La paille devient le premier berceau pour Celui qui se révèle comme « le pain descendu du ciel » (Jn 6, 41). C’est une symbolique, que déjà saint Augustin, avec d’autres Pères, avait saisie lorsqu’il écrivait : « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture » (Serm. 189, 4). En réalité, la crèche contient plusieurs mystères de la vie de Jésus de telle sorte qu’elle nous les rend plus proches de notre vie quotidienne. » (Pape François, Admirabile Signum)
Les origines de la crèche
Dans les premiers siècles du christianisme, il n’y a guère de trace d’une célébration particulière de la Nativité du Christ. Il faut attendre le VIe siècle pour dénicher les prémisses de la fête de Noël. Des écrits anciens évoquent l’ancêtre d’une célébration de Noël « ad praesepe« , c’est à dire, auprès de la crèche. C’est en l’église Sainte Marie-Majeure à Rome qu’une telle célébration de la Nativité aurait eu lieu… La nuit du 25 décembre ! Des reliques, venues tout droit de la crèche de Bethléem, auraient même été présentes aux festivités. D’après la tradition, des fragments de bois du berceau de Jésus seraient encore conservées dans un reliquaire de la basilique.
La crèche au Moyen Age

Pourtant, des reconstitutions des mystères de la nativité étaient déjà jouées avant François. En effet, quelques siècles plus tôt, les crèches vivantes prospéraient déjà sur les parvis de certaines églises d’Italie du sud, au moment de Noël. L’église Santa Maria del Presepe, à Naples, aurait été une des premières églises à accueillir une crèche, en 1205. Ce serait d’ailleurs précisément à Naples que François d’Assise, ayant vu l’une de ces crèches, aurait décidé de s’en inspirer !
Par ailleurs, d’après la tradition, ce fut durant son séjour à Naples que François aurait eu l’idée de fabriquer des figurines de la nativité avec de la farine, de l’eau et du sel. Les ancêtres des santons étaient nés. Progressivement, les acteurs des crèches vivantes ont été remplacés par des personnages élaborés en divers matériaux : plâtre, bois, carton pâte, faïence, cire,… A la suite de François, les Franciscains auraient ensuite diffusé cette tradition de la crèche au delà de l’Italie. La plus ancienne crèche encore visible aujourd’hui date de 1288. Sculptée en pierre, elle est aujourd’hui conservée au musée de la basilique Sainte Marie-Majeure à Rome.
La crèche de la Renaissance à nos jours…

Entre temps, la magie de la crèche atteint les quatre coins de l’Europe… notamment la France. Pourtant, lors de la Révolution Française, les églises furent fermées et les crèches interdites. Entrant en rébellion, les familles provençales installèrent des crèches à leur domicile afin de fêter Noël dignement. Ainsi, se développèrent les santons de Provence, enracinés dans la Nativité chrétienne aussi bien que dans la vie provençale du 18e s. Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays européens, surtout ceux historiquement catholiques (France, Italie, Espagne, Portugal, Pologne…), la tradition de la crèche reste vivace. Pour beaucoup de familles, lorsque le mois de décembre pointe le bout de son nez, il est inimaginable de ne pas accompagner l’incontournable sapin d’une crèche de Noël !
Mais encore faut-il savoir comment mettre en place une crèche…
Que trouve-t-on dans la crèche ?

Jésus, Marie, Joseph, le bœuf, l’âne… Nous avons là les ingrédients essentiels pour une recette de crèche réussie. A cela, il est possible d’y ajouter encore quelques ingrédients… Une bonne poignée de bergers, une pincée de rois mages, ou encore une zeste d’anges. La tradition des santons garnira la crèche de nombreux personnages supplémentaires, qu’ils aient été ou non présents à la Nativité !
Pourquoi mettre en place une crèche aujourd’hui ?
Loin de n’être qu’une tradition désuète, la crèche n’a rien perdu de son actualité ! A elle seule, la crèche symbolise l’esprit de Noël. Il y a en elle quelque chose d’universel, qui parle à chacun, petits et grands, riches et pauvres… Dans sa simplicité, la crèche nous en dit beaucoup sur la sobriété, la simplicité, la vie, la famille, la maternité et l’enfance,… Il y a comme une indicible magie de la crèche, qui à l’approche de Noël, symbolise la paix, la joie, l’émerveillement.
La tradition de la crèche nous enracine non seulement dans l’histoire de l’Église et de nos pays de chrétienté, mais elle nous renouvelle chaque année dans le sens profond de la naissance de Jésus. Elle nous donne de contempler le grand mystère de l’amour de Dieu, qui vient nous rejoindre, dans la pauvreté d’une mangeoire. Elle produit en nous l’émerveillement de savoir que Dieu nous rejoint là où nous sommes. Dieu se fait infiniment proche de nous. En devenant homme, le Fils de Dieu fait de nous ses frères, des enfants de Dieu !
Concluons en lisant le pape François, qui a su trouver les mots justes sur ce que nous dit la crèche…
« Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. » (Pape François, Admirabile Signum)
Parfois, une image nous parle bien davantage que les mots les plus recherchés. La crèche de Noël en est l’illustration vivante.

